J'ai une difficulté croissante avec les files d'attente.
Elles sont partout, le matin pour aller travailler, le soir pour rentrer, le samedi pour faire les emplettes, le dimanche pour des croissants.
Ce midi, j'avais un achat à faire, pas loin du bureau, dans un quartier populaire, très cosmopolite. J'étais motivé pour l'achat, j'avais pris la décision de prendre le temps nécessaire ... quitte à faire la file.
Seul, je n'avais qu'à ouvrir les yeux et les oreilles comme j'aime le faire et m'imprégner de ce qui m'entourait.
Devant moi, deux dames d'un âge certain, une espagnole et une arabe, je n'ai pas saisi le début de leur conversion emportée sur ce qu'elles feraient dès que leur mari serait pensionné, l'endroit où elles iraient vivre, le beau temps qu'elles appelaient de leurs vœux. Je ne suis pas resté accroché sur l'objet de leur conversation mais je ne pouvais m'empêcher de sourire à regarder ces deux personnes d'origines tellement différentes se parler chaleureusement avec leur cabas au bras.
Derrière moi, une dame arrive, dépose son sac à terre et s'en va continuer ses emplettes. La file avance rapidement, un écart se creuse entre le sac et moi, un homme arrive avec son petit garçon et se glisse derrière moi.
Une minute ou deux plus tard la dame revient et, de manière peu amène, s'adresse à l'homme lui disant que c'était son sac qui est là, derrière lui. Le bonhomme, plaisantant, répond qu'il n'avait pas envisagé qu'un sac pouvait faire la file. La mégère s'emporte et dit que s'il le prenait sur ce ton, elle ferait la file derrière lui. Il lui répondit que c'était elle qui montait le ton, et il avait raison, mais il l'a laissée reprendre sa place.
Le comble a été atteint quelques instants plus tard. La dame, s'adressant à une personne dans la file parallèle, demande où elle a trouvé cet article et prévient alors le monsieur que son sac reste là mais qu'elle doit encore aller chercher un article.
Pourquoi ne me suis-je contenté de me retourner et de regarder cette dame, pourquoi ai-je gardé les dents serrées, pourquoi ne lui ai-je pas dit qu'elle ne manquait pas de culot? Lui demander si elle imaginait une file de sacs attendant que leurs propriétaires terminent leurs emplettes.
Vient mon tour et, pendant que je jette les articles pointés au fond de mon sac, une autre dame à l'autre extrémité de la bande roulante, en conversation avec son mobile, parle de plus en plus fort et se met à répéter plusieurs fois les mêmes propos, comme si son interlocuteur ne saisissait pas ses propos:
- Je ne sais pas ce qui se passe, y en a une qui passe devant moi!
- Ils sont pas gênés.
Et elle parle de plus en plus fort
- Rien ne les gêne, eux!
Je n'ai pas vu ce qui s'est passé mais la personne qui était devant elle était africaine. Je ne sais pas qui a fait quoi, mais ces propos, lourds, dit trop forts, trop répétés, ce mot 'eux' à la place de 'personnes' ne pouvaient être que choquants.
Les deux petites dames du début me semblaient déjà loin, mon sourire effacé, j'étais content d'être de retour au bureau, me réinstaller derrière mon écran et fixer mon attention sur mon clavier.
Je n'aime pas les files.
Elles sont partout, le matin pour aller travailler, le soir pour rentrer, le samedi pour faire les emplettes, le dimanche pour des croissants.
Ce midi, j'avais un achat à faire, pas loin du bureau, dans un quartier populaire, très cosmopolite. J'étais motivé pour l'achat, j'avais pris la décision de prendre le temps nécessaire ... quitte à faire la file.
Seul, je n'avais qu'à ouvrir les yeux et les oreilles comme j'aime le faire et m'imprégner de ce qui m'entourait.
Devant moi, deux dames d'un âge certain, une espagnole et une arabe, je n'ai pas saisi le début de leur conversion emportée sur ce qu'elles feraient dès que leur mari serait pensionné, l'endroit où elles iraient vivre, le beau temps qu'elles appelaient de leurs vœux. Je ne suis pas resté accroché sur l'objet de leur conversation mais je ne pouvais m'empêcher de sourire à regarder ces deux personnes d'origines tellement différentes se parler chaleureusement avec leur cabas au bras.
Derrière moi, une dame arrive, dépose son sac à terre et s'en va continuer ses emplettes. La file avance rapidement, un écart se creuse entre le sac et moi, un homme arrive avec son petit garçon et se glisse derrière moi.
Une minute ou deux plus tard la dame revient et, de manière peu amène, s'adresse à l'homme lui disant que c'était son sac qui est là, derrière lui. Le bonhomme, plaisantant, répond qu'il n'avait pas envisagé qu'un sac pouvait faire la file. La mégère s'emporte et dit que s'il le prenait sur ce ton, elle ferait la file derrière lui. Il lui répondit que c'était elle qui montait le ton, et il avait raison, mais il l'a laissée reprendre sa place.
Le comble a été atteint quelques instants plus tard. La dame, s'adressant à une personne dans la file parallèle, demande où elle a trouvé cet article et prévient alors le monsieur que son sac reste là mais qu'elle doit encore aller chercher un article.
Pourquoi ne me suis-je contenté de me retourner et de regarder cette dame, pourquoi ai-je gardé les dents serrées, pourquoi ne lui ai-je pas dit qu'elle ne manquait pas de culot? Lui demander si elle imaginait une file de sacs attendant que leurs propriétaires terminent leurs emplettes.
Vient mon tour et, pendant que je jette les articles pointés au fond de mon sac, une autre dame à l'autre extrémité de la bande roulante, en conversation avec son mobile, parle de plus en plus fort et se met à répéter plusieurs fois les mêmes propos, comme si son interlocuteur ne saisissait pas ses propos:
- Je ne sais pas ce qui se passe, y en a une qui passe devant moi!
- Ils sont pas gênés.
Et elle parle de plus en plus fort
- Rien ne les gêne, eux!
Je n'ai pas vu ce qui s'est passé mais la personne qui était devant elle était africaine. Je ne sais pas qui a fait quoi, mais ces propos, lourds, dit trop forts, trop répétés, ce mot 'eux' à la place de 'personnes' ne pouvaient être que choquants.
Les deux petites dames du début me semblaient déjà loin, mon sourire effacé, j'étais content d'être de retour au bureau, me réinstaller derrière mon écran et fixer mon attention sur mon clavier.
Je n'aime pas les files.
5 commentaires:
Bon retour dans la blogosphère, Patrick!
Votre histoire est pleine de significations, un tableau vivant esquissé sur le quotidien. (j'ai l'esprit un peu déformé car je m'en vais de ce pas pour l'accrochage de mon expo de groupe dont le vernissage est demain!)
J'espère que tout va bien! Amicalement : flora
Ce genre de situations est souvent très intéressant à observer avec du recul... quand c'est possible.
Si tu n'aimes pas les files, tu peux peut être prendre du fil et du aiguille et broder une histoire autour... suggestion du soir bonsoir cher Patrick !
Contente de te lire Patrick
Cette tranche de vie que tu nous racontes bien que désagréable fait partie du quotidien. Je n'y prêtais guère attention avant, mais maintenant que je fais mes courses en plusieurs fois pour ne pas porter de lourds paquets j'y suis de plus en plus souvent confrontée.
Et j'avoue que le temps passant, et n'étant plus pressée parfois je m'en mêle par de petites réflexions.
Je me suis donnée comme politique de finalement ne faire que des réflexions plaisantes quand la situation s'y prête ! Et j'essaie d'ignorer les autres ou je me parle à moi-même.
En agissant ainsi, j'échange des sourires et des "bonjour" avec des personnes que je ne connais pas mais fort sympathiques et de cette façon les gens désagréables se sentent ignorés et les autres soutenus.
Bonne fin de semaine. Amitiés.
Je pense que les files d’attente donnent souvent des occasions parfaites d’observations psychologiques et sociologiques, cher Patrick.
Amitiés,
Müge
Tellement réaliste... Merci!
Enregistrer un commentaire