Je me suis rendu au centre de Bruxelles cette après-midi. Il y avait longtemps que je n'y étais plus allé.
Après quelques années à travailler dans les beaux quartiers de la Commission Européenne et un an et demi dans une charmante petite ville de province, je devais me présenter aujourd'hui à un rendez-vous en plein centre de la ville.
Ambiance étrange qui ne semblait sans doute étrange qu'à moi qui parcourait ce trottoir comme un étranger, qui découvre, re-découvre un décor qu'il a connu mais qu'il ne reconnait pas.
J'étais accompagné, quasi guidé par quelqu'un, ce qui augmentait ma passivité et me rendait spectateur de ce qui m'entourait.
Seul, j'aurais tracé sur le trottoir et je me serais mis à slalomer entre les passants, en marchant de plus en plus vite. Mon guide, pas pressé, voulait griller une cigarette sur les quelques minutes de battement qui nous restaient et traînait la jambe.
Nous nous étions rendus en ville en voiture, j'étais passager. Plaisir rare! Je suis alors comme un enfant qui dévore le paysage qui défile sous ces yeux.
Passager derrière une vitre, c'est comme spectateur dans une salle de cinéma, tout est irréel.
Arrivés à la gare du Nord, nous nous enfonçons dans un parking souterrain. La porte de la voiture s'ouvre, la toile de l'écran se déchire, les coulisses se dévoilent. C'est un peu une surprise, tous les détails n'apparaissent pas simultanément. C'est l'odeur qui se présente la première. Une odeur d'urine. C'est comme si nous pénétrions dans la ville en passant par les commodités.
Nous cherchons la porte, celle-ci s'ouvre sur les couloirs du métro. Que tout est gris mat! Le béton est nu. Nous sommes dans l'intimité de la ville.
Des corps allongés. Etonnant! C'est comme si certains faisaient la sieste au milieu d'autres qui s'affairent.
Ici, une couverture roulée, pas de tête, ni de chaussures qui dépassent. Y a-t-il quelqu'un dedans? Là c'est un couple qui a l'air de dormir profondément, elle contre lui. Mon regard s'attarde sur ces dormeurs mais aussi sur les passants. Suis-je le seul à les voir? D'autres regards remarquent-ils ces corps?
Enfin, les escaliers mécaniques, nous allons sortir, prendre l'air.
Au moment de mettre le pied sur la première marche, je marque un arrêt. Non! Non je ne peux pas mettre la main sur la rampe de l'escalier. Je ne suis pas maniaque, je pense même qu'une dose quotidienne de bactéries ne fait que renforcer l'organisme. Mais là c'est trop! La crasse est palpable et je ne veux pas la palper. Petit déséquilibre au démarrage, rétablissement, j'arriverai en haut sans poser les mains.
L'air disais-je. Quel air? Cet chose translucide, qu'il faut aspirer avec effort? Il y a comme une brume qui brouille le ciel et la lumière.
Un instant pour se repérer, oui, c'est par là.
Nous longeons des bâtiments. Aux pieds de chacun, des petits groupes, le regard dans le vide, ils sont là à piétiner en tirant sur leur clope. Nous traversons des nuages de fumée au gré des portes d'entrée que nous dépassons.
Il n'y a pas si longtemps, ce quartier était le haut lieu de la prostitution, ce chancre est remplacé par un autre, les ministères y ont installé leurs officines mais il y en a toujours pour faire le pied de grue, la clope au bec.
Me croirez-vous si je vous dis que ce soir, en rentrant chez moi, j'ai augmenté la ventilation dans la voiture en croisant des tracteurs en train de mettre les foins en ballots?
L'odeur du foin ne m'a jamais autant plu que ce soir.
Après quelques années à travailler dans les beaux quartiers de la Commission Européenne et un an et demi dans une charmante petite ville de province, je devais me présenter aujourd'hui à un rendez-vous en plein centre de la ville.
Ambiance étrange qui ne semblait sans doute étrange qu'à moi qui parcourait ce trottoir comme un étranger, qui découvre, re-découvre un décor qu'il a connu mais qu'il ne reconnait pas.
J'étais accompagné, quasi guidé par quelqu'un, ce qui augmentait ma passivité et me rendait spectateur de ce qui m'entourait.
Seul, j'aurais tracé sur le trottoir et je me serais mis à slalomer entre les passants, en marchant de plus en plus vite. Mon guide, pas pressé, voulait griller une cigarette sur les quelques minutes de battement qui nous restaient et traînait la jambe.
Nous nous étions rendus en ville en voiture, j'étais passager. Plaisir rare! Je suis alors comme un enfant qui dévore le paysage qui défile sous ces yeux.
Passager derrière une vitre, c'est comme spectateur dans une salle de cinéma, tout est irréel.
Arrivés à la gare du Nord, nous nous enfonçons dans un parking souterrain. La porte de la voiture s'ouvre, la toile de l'écran se déchire, les coulisses se dévoilent. C'est un peu une surprise, tous les détails n'apparaissent pas simultanément. C'est l'odeur qui se présente la première. Une odeur d'urine. C'est comme si nous pénétrions dans la ville en passant par les commodités.
Nous cherchons la porte, celle-ci s'ouvre sur les couloirs du métro. Que tout est gris mat! Le béton est nu. Nous sommes dans l'intimité de la ville.
Des corps allongés. Etonnant! C'est comme si certains faisaient la sieste au milieu d'autres qui s'affairent.
Ici, une couverture roulée, pas de tête, ni de chaussures qui dépassent. Y a-t-il quelqu'un dedans? Là c'est un couple qui a l'air de dormir profondément, elle contre lui. Mon regard s'attarde sur ces dormeurs mais aussi sur les passants. Suis-je le seul à les voir? D'autres regards remarquent-ils ces corps?
Enfin, les escaliers mécaniques, nous allons sortir, prendre l'air.
Au moment de mettre le pied sur la première marche, je marque un arrêt. Non! Non je ne peux pas mettre la main sur la rampe de l'escalier. Je ne suis pas maniaque, je pense même qu'une dose quotidienne de bactéries ne fait que renforcer l'organisme. Mais là c'est trop! La crasse est palpable et je ne veux pas la palper. Petit déséquilibre au démarrage, rétablissement, j'arriverai en haut sans poser les mains.
L'air disais-je. Quel air? Cet chose translucide, qu'il faut aspirer avec effort? Il y a comme une brume qui brouille le ciel et la lumière.
Un instant pour se repérer, oui, c'est par là.
Nous longeons des bâtiments. Aux pieds de chacun, des petits groupes, le regard dans le vide, ils sont là à piétiner en tirant sur leur clope. Nous traversons des nuages de fumée au gré des portes d'entrée que nous dépassons.
Il n'y a pas si longtemps, ce quartier était le haut lieu de la prostitution, ce chancre est remplacé par un autre, les ministères y ont installé leurs officines mais il y en a toujours pour faire le pied de grue, la clope au bec.
Me croirez-vous si je vous dis que ce soir, en rentrant chez moi, j'ai augmenté la ventilation dans la voiture en croisant des tracteurs en train de mettre les foins en ballots?
L'odeur du foin ne m'a jamais autant plu que ce soir.
11 commentaires:
Bonsoir (tardif), Patrick.
J'ai pris beaucoup de plaisir à lire votre texte, si juste et si personnel à la fois. Même si vous ne répondez plus aux commentaires, j'avais envie de le dire : votre description est vivante parce que votre regard l'imprègne. Dormez bien. flora
Bonjour Flora,
Merci pour votre gentil commentaire.
Vous me décochez aussi une flèche bien juste mais elle est douloureuse.
Par principe, je répond systématiquement, je veux que ce blog soit un endroit d'échanges, pas une collection de textes.
J'ai vraiment peu, très peu, de temps disponible et je tente de le répartir au mieux pour écrire un billet et laisser une trace sur les blogs que j'apprécie.
Je vous souhaite une très douce journée :o)
Bonjour Patrick,
Merci pour ce récit. Je me revois à l'automne, pendant des vacances à Paris, redécouvrant ma ville.
L'autre jour, dans le métro, je me suis assise sur un strapontin. J'avais remarqué un type un peu louche juste derrière moi. Et m'installant, j'ai senti cette odeur que je n'avais pas senti depuis si longtemps, depuis un peu plus de deux ans.
L'odeur des clochards me transperce toujours plus le coeur que le nez. Avant, quand j'étais "habituée", que je faisais tous les jours de longs trajets en métro, j'aurais changé de place. Là non.
bon bein j'arrive après patrick, après flora, après ju.
comment trouver quelque chose de plus joli à dire ??
:)
pour ma part, parisienne depuis tant d'années, je dois dire que c'est au début de mon initiation que j'aurais changé de place... cherché l'air.
aujourd'hui cela fait partie de la ville, de ma ville et de ma vie. je reste sur mon strapontin et chaque jour apprends à trouver l'air ailleurs...
je vous embrasse tous !
leyla
Des yeux neufs pour voir ce que d'autres ne voient plus à force d'y vivre, un odorat nouveau qui nous rappelle que le nôtre n'existe presque plus !
Ce que tu décris c'est aussi Paris, certains quartier et le pourquoi je ne peux plus prendre le métro sans prendre des risques pour ma santé en ce moment (la saleté est partout), heureusement il me reste le bus, "c'est moins pire" comme disent les enfants.
Quand aux sans abris, même en face le l'hosto où je suis soignée il y un homme allongé sous un porche quand j'y vais tôt... les SDF remplissent nos villes et ça me fait peur de constater que nous nous habituons comme-ci c'était inéluctable.
SOLIDARITE où es-tu!
Je comprends ton envie de respirer un autre air en rentrant chez toi. Profite de ta chance.
Amitiés.
patrick... patrick.
patrick il faut revenir !!!
tu nous manques et je ne sais toujours pas à quoi ressemblent tes cravates !!
voilà c'est tout.
happy lundi !
Les odeurs... celles qui nous importunent, mais aussi celles qui nous interpellent... celles d'une ville sont souvent désagréables, agressives et reflètent aussi d'une certaine façon la société. Quand tu évoques l'odeur du foin, je ne peux que penser immédiatement à celle humée l'été dernier dans le village de Asagı Aydere Köyü au moment de la moisson...
Salut ami d’Outre-Atlantique et merci du partage. C’est la curiosité qui m’a conduit ici: je voulais savoir quelle sorte de blog a qqn qui a indiqué «PARTAGE» dans ses centres d’intérêt.
Intéressant ta façon de dire les choses, dis donc. Bravo! (Môa être plutôt philosophique).
NOTE. Mon blog parle de la connaissance de soi. Si le coeur t'en dit, tu es bienvenu.
La ville aurait-elle englouti Monsieur Caméléon des Neiges ?
J'espère que tu retrouveras vite le temps nécessaire pour nous écrire un billet, ça manque beaucoup !
Bonjour Jigé,
Merci de ta visite et sois le bienvenu.
Bonjour Nilufer,
Je ne sais pas si c'est une réponse mais vois le nouveau billet.
Avec toute mon amitié,
Patrick
Enregistrer un commentaire