Ce matin, je procédais à mes ablutions usuelles, dans la salle de bain, lorsque, un pied dans le lavabo, le phénomène s'est reproduit, une fois de plus.
Le rythme cardiaque baisse, se régularise, le regard se fige dans le miroir - je dirais au-delà du miroir - l'activité motrice ne s'interrompt pas, continue sur sa lancée et les neurones, à l'inverse de tout le reste sont traversés, par une onde ... 1, 2, 3 .... pouf! Je suis ailleurs!
Dans ce monde parallèle, je naviguais entre les idées épicuriennes de Flora, le dernier billet de Leyla, ce que cela évoquait pour moi, les expériences auxquelles je pouvais me référer, quand mon attention, un peu diluée dans une brume matinale, est attirée par ce qui, d'abord un point, devint une île, une toute petite île. Je la connais bien, je l'ai rencontrée la première fois il y a près de trente ans, elle ressemble à une pointe de punaise dépassant de la semelle. Vous savez, cette pointe qui dépasse assez pour être inconfortable mais pas assez pour vraiment vous blesser.
Je ne sais plus si cette punaise avait été plantée par un professeur, un assistant ou même un conférencier mais c'était lors d'une séance durant laquelle – je taille le sujet à la hache dans le bloc de mes souvenirs - on tentait de démontrer dans quelle mesure nous pouvions être les instigateurs de nos propres soucis.
Le sujet était introduit et illustré de la façon suivante: une question était posée à tout le monde, chacun y répondait pour lui et, finalement, était donnée la solution préconisée par le conférencier.
Les données étaient les suivantes: Vous prévoyez de partir en vacances avec votre meilleur(e)/petit(e) ami(e) et vous vous êtes donné rendez-vous sur le quai de la gare pour prendre le train ensemble. Le train va partir dans quelques instants, la personne attendue n'est pas là. Que faites-vous? (Détail, le téléphone portable n'existait pas à l'époque).
Et vous? Pouvez-vous répondre à la question?
Je vous donne la mienne, honnêtement: Je suis mal, je ne monte pas dans le train, je cherche la personne.
J'ai été surpris par les réponses données, à l'époque, par des gens qui avaient 15 à 20 ans de plus que moi, et qui correspondaient à l'option jugée la meilleure par le conférencier: Je monte dans le train, je passe de bonnes vacances. La personne est en retard? Elle me rejoindra, très probablement, par ses propres moyens plus tard.
Je vous laisse réfléchir ... ... ...
Vingt-sept ans plus tard, cette question et la réponse préconisée me posent toujours question ... toc, toc, toc. Grincement.
La porte s'ouvre, Mme des Neiges:
- A quoi es-tu encore en train de penser?
- Hein? Oh, rien!
Je me sèche le pied et je termine de m'habiller.
p.s.: Elle m'énerve! Hier encore, j'enfile mon blouson pour sortir, elle est à côté de moi et, tout à trac, me dit, avec son plus grand sourire, "A quoi penses-tu?". Comment peut-elle voir que je pense? Elle est magicienne! Oui, c'est çà!
Le rythme cardiaque baisse, se régularise, le regard se fige dans le miroir - je dirais au-delà du miroir - l'activité motrice ne s'interrompt pas, continue sur sa lancée et les neurones, à l'inverse de tout le reste sont traversés, par une onde ... 1, 2, 3 .... pouf! Je suis ailleurs!
Dans ce monde parallèle, je naviguais entre les idées épicuriennes de Flora, le dernier billet de Leyla, ce que cela évoquait pour moi, les expériences auxquelles je pouvais me référer, quand mon attention, un peu diluée dans une brume matinale, est attirée par ce qui, d'abord un point, devint une île, une toute petite île. Je la connais bien, je l'ai rencontrée la première fois il y a près de trente ans, elle ressemble à une pointe de punaise dépassant de la semelle. Vous savez, cette pointe qui dépasse assez pour être inconfortable mais pas assez pour vraiment vous blesser.
Je ne sais plus si cette punaise avait été plantée par un professeur, un assistant ou même un conférencier mais c'était lors d'une séance durant laquelle – je taille le sujet à la hache dans le bloc de mes souvenirs - on tentait de démontrer dans quelle mesure nous pouvions être les instigateurs de nos propres soucis.
Le sujet était introduit et illustré de la façon suivante: une question était posée à tout le monde, chacun y répondait pour lui et, finalement, était donnée la solution préconisée par le conférencier.
Les données étaient les suivantes: Vous prévoyez de partir en vacances avec votre meilleur(e)/petit(e) ami(e) et vous vous êtes donné rendez-vous sur le quai de la gare pour prendre le train ensemble. Le train va partir dans quelques instants, la personne attendue n'est pas là. Que faites-vous? (Détail, le téléphone portable n'existait pas à l'époque).
Et vous? Pouvez-vous répondre à la question?
Je vous donne la mienne, honnêtement: Je suis mal, je ne monte pas dans le train, je cherche la personne.
J'ai été surpris par les réponses données, à l'époque, par des gens qui avaient 15 à 20 ans de plus que moi, et qui correspondaient à l'option jugée la meilleure par le conférencier: Je monte dans le train, je passe de bonnes vacances. La personne est en retard? Elle me rejoindra, très probablement, par ses propres moyens plus tard.
Je vous laisse réfléchir ... ... ...
Vingt-sept ans plus tard, cette question et la réponse préconisée me posent toujours question ... toc, toc, toc. Grincement.
La porte s'ouvre, Mme des Neiges:
- A quoi es-tu encore en train de penser?
- Hein? Oh, rien!
Je me sèche le pied et je termine de m'habiller.
p.s.: Elle m'énerve! Hier encore, j'enfile mon blouson pour sortir, elle est à côté de moi et, tout à trac, me dit, avec son plus grand sourire, "A quoi penses-tu?". Comment peut-elle voir que je pense? Elle est magicienne! Oui, c'est çà!
12 commentaires:
Moi aussi je monte dans le train si je me retrouve dans ce cas de figure. Décidément, les trains et les gares sont à l'ordre du jour aujourd'hui...
Les femmes ont un sixième sens Patrick... Tu sais ta femme doit le voir dans ton regard quand tu es ailleurs ...
Quand à l'histoire du train, elle m'est arrivée. Je partais au sport d'hiver avec ma nièce de 8 ans, j'attendais une copine qui devait arriver avec ses 3 gamins. Cette copine était/est de toute façon toujours en retard. On avait décidé de prendre le même train justement pour que contrairement à l'année précédente, elle ne loupe pas son train. Et bien on a été 6 a raté le train. Mais le pire... elle m'a eng.... parce que je l'avais attendue au lieu de monter dans le train.
Seuls heureux dans l'histoire, les gamins contents de se retrouver pour le voyage, particulièrement ma nièce qui ne voulait pas faire tout ce trajet avec moi seule alors qu'elle avait la possibilité d'avoir ses amis.
Bon on est arrivés à 19h au chalet au lieu de 13 h et ça nous a coûté quelques francs de plus...
Si c'était à refaire, je crois que maintenant je monterai dans le train !
... je laisse le train partir...sans hésiter !
Comment apprécier des vacances, si la personne censée être près de nous est loin de nous ? Non, mon coeur serait bien trop angoissé et me sentirais vraiment pas à ma place...
Très très belle photo, elle me touche beaucoup !
Merci pour ce billet à réflexion. Agréable à lire et en même temps quelque peu "piquant" au coeur... j'aime bien les émotions que tu réveilles.
Bon week-end :)
Bonsoir, Patrick. Eh bien, du haut de mon "grand âge", je dirais : ça dépend qui est la personne en retard. Si elle est vraiment proche, je laisse partir le train... Si c'est un cpain, copine - eh bien, elle se rattrapera!
mince !!!! mais je me sens complètement à côté de la plaque moi alors !!! je suis devenue un vrai ours dans sa caverne !!! moi, spontanément, tout de suite,
je t'aurais dit bein, monte dans le train... l'autre il est assez grand, il te rejoint, en train à vélo ou à dos de chameau...
et du coup je réfléchis.
et je t'assure qu'il y a encore peu de temps j'aurais été comme Nilufer : angoisse !!!! appel radio !!!! recherches de la personne attendue, stress, attente, ongles rongés, et, bien entendu, train raté.
et j'élargis un peu la question dans ma "vie", et... et je crois que finalement c'est une bonne chose. attendre l'autre, les autres, et comment on fait pour avancer quand on passe son temps à attendre ? on n'avance pas, ou alors lentement.
bon ! moi maintenant j'avance, qui veut suivre suit. (et je jette un oeil de temps en temps pour voir si personne n'a besoin d'un coup de main pour suivre)
Non, je ne serais pas montée dans le train, la personne a peut-être eu un problème, nous pouvons partir ensemble plus tard.
La meilleure réponse est de ne s'occuper que de soi ? Il y a eu des études prouvant que les personnes qui vivaient les plus vieilles ou qui survivaient mieux en camp de concentration étaient celles qui étaient égoïstes ou n'avaient pas de personnes (enfants par exemple) pour qui s'inquiéter à l'extérieur.
Tant pis, je préfère vivre moins longtemps et être telle que je suis.
Autrefois je rêvais souvent que je ratais un train. Les rêves sont révélateurs. Il me semble que lors de cet autrefois où je mettais mes enfants et mon mari en priorité, je n'étais pas si épanouie. Je le suis maintenant où j'ai plus de temps de réaliser ce que je VEUX faire.
Au début de mon blog, je partais souvent dans mes rêves, et tout le monde s'en apercevait. On est absent de la réalité. Cela ne m'arrive plus, je fais plus facilement le "clivage"
Je te remercie pour ton commentaire sur les problèmes d'oreille .. 90% de réussite à la 2ème séance de kiné, peu de praticiens la pratique correctement. Soyons patients, peut-être sera-t-elle dans cette moyenne.
Je suis de celle qui attendrait .. Cela m'est arrivé, un ami avec qui je devais faire route, en voiture, vers le Midi de la France pour rejoindre d'autres amis en vacances s'est fait renversé par un autobus, pas grave mais hospitalisé, j'ai préféré ne pas partir.
Comme le dit Kirnette, les femmes ont un sixième sens ..
Désolé!
Je suis désolé. Vous êtes tous arrivés, promptement, avec votre petit caillou que vous êtes venu déposer à côté du mien - c'est vraiment sympa - et moi, je traîne à répondre.
Je vous assure que la semaine n'a pas été évidente.
Je vous relis, pour me rafraîchir la mémoire, et je synthétise:
1. Nathalie va vivre très âgée et écrire beaucoup de billets
2. Leyla, comme souvent, ne sais pas trop et s'assied entre deux chaises en attendant ... ou pas;o)
3. Tous les autres, moi y compris, ne pourront pas lire tous les billets de Nathalie. Il seront déjà morts et leurs squelettes s'entasseront sur le quai.
C'est à peu près cela?
En tout cas, je me sentirai moins seul à un rendez-vous manqué sur un quai et je regarderai autour de moi s'il n'y en pas d'autres qui sont dans le même cas.
Bon week-end à tous!
Tu me fais bien rire de bon matin cher Patrick... Cela tombe bien, j'ai bien l'intention de devenir centenaire... et d'écrire encore plein de choses ! Par contre, le tas de squelettes sur le quai de la gare, pas trop pour moi ! Je pense que beaucoup de lecteurs ont eu une semaine bien remplie, j'ai constaté qu'il y a des retards... non pas de trains... mais de lectures pour un paquet. Bon week-end et reprends des forces !
Bonjour Patrick,
Bien sûr que votre épouse peut voir que vous pensez, elle vous connaît mieux que tout le monde et mieux que vous-même peut-être puisque vous partagez votre vie avec elle depuis 27 ans :-) Ne pensez-vous pas également que vous la connaissez mieux que tout le monde?
Quant à la question de train; moi j’aurais pris le train sans hésitation même si j’avais vingt ans car je n’aurais pas été étonnée de l’absence de mon ami même si cela m’aurait attristé beaucoup. Mes relations amoureuses ayant étées sans exception toujours unilatérales, et comme j’ai toujours fini par être abandonnée, j’aurais interprété l’absence de mon ami à la gare comme une nouvelle fin d’une relation unilatérale. D’ailleurs, cela aurait étée sans doute mon idée de partir ensemble en vacances. Aujourd’hui, je ne propose plus de voyager ensemble avec qqn, je pars toute seule :-)
Ceci dit, j’étais en Egypte la semaine dernière, d’où mon absence sur mon blog.
Amitiés et bon week-end,
Müge
Hos Geldiniz, chère Müge,
vous, enfin de retour! :o)
Je vois que vous suivez bien ce qu'il se dit dans les blogs ;o)
Oui, oui, elle me connaît bien mais je ne suis pas certain de la connaître aussi bien; certaines subtilités m'échappent encore et toujours :o)Je ne suis qu'un homme ;o)
Les trains évoquent souvent tristesse et nostalgie ... pourtant, je vous raconterai, sans doute, un jour, un anniversaire avec cuisine sur réchaud à gaz, en première classe, dans un train de nuit, quelque part entre la Bosnie et le Kosovo, qui, bien que nostalgique, n'est pas triste.
Nous aurons droit à des photos d'Egypte alors?
Avec toute mon amitié!
Que la journée vous soit douce.
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