Cette semaine, m'en allant travailler, j'écoutais distraitement la radio.
Brouhaha, pub, blabla .... discrimination ... langage ... Hmm? De quoi parlent-ils?
Je me déconnecte immédiatement de la route et je me branche sur la radio ;o)
Le sujet du billet concernait un sujet fort visité pour le moment, le racisme et la discrimination. Ils donnaient des exemples concrets de discrimination dans les conversations de la vie courante:
De quelle origine êtes vous?
Tiens, tu ne m'avais pas dit que ton copain est noir!
Saisissement! J'ai du me rendre à l'évidence, j'étais un 'discriministe'; et vous le savez tous bien, les noms et adjectifs en '-iste', c'est pas bien!
Pas plus tard que la veille, j'étais dans le bureau d'un logopède (orthophoniste pour certains) dont les ancêtres, j'en met ma main à couper, n'étaient ni celtes, ni gaulois; la couleur de sa peau en témoignait. J'ai passé une heure avec cette personne pour une discussion qui concernait le métier qu'il pratique. Discussion tout à fait intéressante - sur les mécanismes de l'apprentissage des langues dans la petite enfance - mais je n'ai pu m'empêcher, pendant la conversation, d'observer la présence d'une statuette d'origine africaine sur son bureau. C'est là que ma curiosité grandit car je spéculais sur les origines mauriciennes ou peut-être métisses de la personne.
N'oubliez pas qu'à ce moment, je suis dans l'ignorance totale de mon état de 'discriministe'.
Je peux vous dire, avec honte maintenant, que cela me démangeait, au moment de nous séparer, de lui poser la question 'De quelle origine êtes-vous?'. Je ne l'ai pas fait, je rencontrais cette personne pour la seconde fois, il n'y avait rien dans la relation qui pouvait donner le flanc à une question somme toute très personnelle.
Pourquoi poser la question? Parce que j'aurais vraiment aimé connaître quelles étaient ses origines. Les connaissant, il me serait sans doute venu un tas d'autres questions sur le pays d'origine, la culture, l'histoire de ce déplacement, le sien ou celui de ses parents. Cela peut tellement nous en apprendre sur l'histoire des humains, cette histoire dont en tant qu'individu nous ne vivons qu'une infime parcelle
Je ne suis pas naïf, je sais que la frontière entre la curiosité, l'intérêt et la discrimination est subtile mais, à force d'affiner toujours la subtilité du 'langage correct', on augmente l'intolérance dans la communication et je ne suis pas certain que l'objectif pédagogique atteigne les personnes concernées; cela devient un débat intellectuel stérile.
J'en ai donc appris un peu plus sur moi-même et, prudent, je ne dirai plus 'Bonsoir Madame', ni 'Bonsoir Mademoiselle' pour bien montrer que je ne fais pas la différence entre cette personne de sexe féminin et n'importe quel homme. Je ne sais pas encore pour le 'Bonsoir Monsieur'; n'est-ce pas jeter à la face de mon interlocuteur que je vois bien qu'il n'a rien d'une femme?
Avec toute mon amitié,
Patrick
4 commentaires:
C'est vrai que nous sommes arrivés à un tel degré de stupidité dans le "politiquement correct" que ça en devient du racisme à l'envers!
Alors là, nous ne sommes pas sortis de l'auberge!
Bonjour Flora,
J'aime bien l'idée du racisme à l'envers. D'ici à se prendre un: 'Dites vous le faites exprès de nier ma différence?' ;o))
Pas de désespoir, j'en aperçois déjà qui s'attaquent aux portes de l'auberge, on en sortira ;o)
Bien amicalement.
Bonjour Patrick,
À mon avis, ce qui caractérise la discrimination et le racisme, c’est de poser cette question d’une façon non amicale mais d’un ton méprisant ou méfiant. Sinon, pourquoi ne pas demander gentiment ses origines à une personne.
Au mois d’Août, à Paris, j’avais adressé cette question au chauffeur de taxi asiatique qui m’emmenait de l’aéroport à l’hôtel. Il était Vietnamien et comme j’avais visité son pays il y a deux ans on avait fait une longue et agréable conversation tout au long du chemin. Je ne pense pas qu’il avait pris ma question comme un acte discriministe ou raciste.
En Turquie, à Istanbul surtout, les gens ont l’habitude de demander à leurs interlocuteurs leurs provinces d’origine même s’ils ne se connaissent pas du tout. Cette question ne dérange personne en principe, si bien sûr vous ne l’adressez pas d’une façon hautaine “Vous êtes de quelle province? … Diyarbakır? … Hmmmmm” (en disant ainsi tacitement à votre interlocuteur que vous avez “noté” qu’il est Kurde). Mais ce type de conversation “discriministe” a très peu lieu et les gens veulent apprendre la province d’origine de leur interlocuteur en principe juste pour mieux les connaître.
Quand on me demande ma province d’origine, je réponds “Istanbul”. La réaction automatique de mon interlocuteur est toujours: “Je comprends que vous êtes née ici à Istanbul mais votre père, votre grand-père?”. Alors j’explique que mon père est Stambouliote aussi mais que sa famille est venue en Turquie de Rhodes au début des 1920s. Il arrive rarement que mon interlocuteur me répond par un “hmmmmm” significatif en me laissant entendre qu’il se dit “Ah elle vient donc d’une famille grecque convertie en Islam” (je n’ai franchement aucune idée si c’est le cas, si c’était le cas mon père me l’aurait dit je pense). En général les gens répondent amicalement en disant “quelle histoire intéressante” ou “vous êtes méditerranéenne alors”.
Je vous souhaite une bonne journée,
Amitiés,
Chère Müge,
Nous sommes bien d'accord, c'est le "Hmmmmm" qui fait toute la différence ;o))
Mon intervention visait le fait de mettre en évidence des phrases et des mots alors que les choses se passent plus au niveau du ton utilisé que du mot.
Peut-on changer l'attitude des gens en leur disant les mots à ne pas utiliser?
Est-ce qu'utiliser le mot "allochtone" à la place du mot "immigré" va changer l'attitude d'un raciste? Je ne crois pas.
Merci pour votre longue intervention qui donne un peu le ton d'une conversation; elle me pose d'autres questions comme: qu'est-ce qui fait l'intérêt de la province d'origine? Ici, en Belgique la province n'a aucun intérêt, on vous demandera plutôt si vous êtes wallon ou flamand.
Autre question, je croyais savoir que les échanges de population avaient permis aux communautés grecques et turques de rejoindre le pays de leurs origines mais vous me dites que des grecs on pu choisir de venir s'installer à Istanbul et même se convertir? Vous pouvez m'en dire plus?
Bien à vous,
Patrick
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