Les clémentines ne m'ont pas laissé indemne.
Un souvenir en entraînant un autre, il y a cet objet qui demain prendra à nouveau une valeur particulière.
Cette boule bleue a une longue histoire, elle appartenait à une voisine de ma grand-mère. Cette dame, Madame Schiklowsky, était vieille, toute fripée, son visage était entièrement creusé de profondes rides, je me souviens de son odeur, je me souviens de son appartement. Un appartement de vieille dame décoré d'un tas d'objets hétéroclites: une bougie multicolore qui en fondant déposait des stalactites de toutes les couleurs, une gondole de Venise en plastique, une ampoule électrique brillait à l'intérieur et des rideaux rouges coloraient ses reflets, une petite loupe ronde, cerclée de rouge, qui coulissait dans un écrin de la même couleur, une danseuse de flamenco, je ne sais plus si c'était une poupée de collection ou une carte postale damassée de tissu, je me souviens de sa robe qui était en tissu. Et la boule bleue. Les traces de toute une vie.
Elle n'avait pas de frigo mais un garde-manger, avec des parois de verre et une porte en fin grillage, qui m'a encore servi de vivarium pour élever des fourmis et des taupes.
Sa mort fut ma première tristesse profonde, la découverte de la mort. Ainsi, quelqu'un que j'aimais pouvait disparaître à jamais. J'avais alors quelques années, je ne peux plus situer exactement, trois ou quatre ans.
J'étais là quand on a vidé son appartement. La dame vivait seule, je ne connaissait rien d'elle, si ce n'est son appartement. Elle avait encore une sœur vivant en Suisse. Quelqu'un qui a pourtant du avoir une histoire intéressante.
Nous avons gardé, dans mon souvenir, la bougie, elle était pour moi, j'étais fasciné par lette fontaine multicolore qui tel un volcan laissait s'échapper des coulées de cire rouge, bleue, verte; La loupe a rejoint les petites affaires de ma grand-mère; quelques petits objets divers ... ainsi que la boule bleue.
Cette boule bleue a pris de l'importance d'année en année, à mes yeux, ma grand-mère en devenait la gardienne. Chaque année, à Noël, la boule s'animait; si vous tirez sur son anneau, il cède, une ficelle apparaît, vous l'étirez et une musique se fait entendre dès que vous la relâchez. Il ne fallait le faire qu'à Noël. Noël passé, la boule bleue rejoignait sa vitrine, je pouvais la regarder mais ne pas y toucher.
Ma grand-mère a compris l'importance de l'objet et depuis très longtemps, elle m'avait désigné comme celui qui serait le gardien, quand elle ne serait plus là.
Elle n'est plus là, je suis le gardien.
Je suis le gardien mais pour tout vous dire, il y a bien longtemps que je n'ai plus tiré sur la ficelle, même à Noël. Je suis un bien mauvais gardien car je ne fais pas passer la magie, je ne prépare pas le gardien suivant à l'importance de la tâche. Il y en quatre, lequel choisir? Vous comprenez?
Non, je vous mens, je me mens; en réalité, c'est dur de tirer la ficelle, le coeur se sert, des hoquets me prennent au creux du ventre et les larmes montent comme une vague. Mais ce soir, il est trop tard, j'ai tiré la ficelle et le scénario était écrit.
J'ai ouvert ce blog pour un cri de rage, j'ai découvert des personnes, depuis peu, qui me font réfléchir, qui provoquent des chocs, qui m'ébranlent, qui provoquent des étincelles, qui m'agitent. Ici je suis un intarissable bavard, au dehors je suis un silencieux, ici j'ai le temps de réfléchir, de revenir, de corriger, au dehors j'écoute.
Alors, pour vous remercier, pour vous inviter chez moi, Müge, Rosza, Christiane, Leyla, Nathalie, j'ai tiré la ficelle, mon épouse m'a aidé à photographier cette boule bleue et la magie s'est opérée, la musique s'est fait entendre. Je la partage avec vous.
Joyeux Noël à tous.
Patrick
Cette boule bleue a une longue histoire, elle appartenait à une voisine de ma grand-mère. Cette dame, Madame Schiklowsky, était vieille, toute fripée, son visage était entièrement creusé de profondes rides, je me souviens de son odeur, je me souviens de son appartement. Un appartement de vieille dame décoré d'un tas d'objets hétéroclites: une bougie multicolore qui en fondant déposait des stalactites de toutes les couleurs, une gondole de Venise en plastique, une ampoule électrique brillait à l'intérieur et des rideaux rouges coloraient ses reflets, une petite loupe ronde, cerclée de rouge, qui coulissait dans un écrin de la même couleur, une danseuse de flamenco, je ne sais plus si c'était une poupée de collection ou une carte postale damassée de tissu, je me souviens de sa robe qui était en tissu. Et la boule bleue. Les traces de toute une vie.
Elle n'avait pas de frigo mais un garde-manger, avec des parois de verre et une porte en fin grillage, qui m'a encore servi de vivarium pour élever des fourmis et des taupes.
Sa mort fut ma première tristesse profonde, la découverte de la mort. Ainsi, quelqu'un que j'aimais pouvait disparaître à jamais. J'avais alors quelques années, je ne peux plus situer exactement, trois ou quatre ans.
J'étais là quand on a vidé son appartement. La dame vivait seule, je ne connaissait rien d'elle, si ce n'est son appartement. Elle avait encore une sœur vivant en Suisse. Quelqu'un qui a pourtant du avoir une histoire intéressante.
Nous avons gardé, dans mon souvenir, la bougie, elle était pour moi, j'étais fasciné par lette fontaine multicolore qui tel un volcan laissait s'échapper des coulées de cire rouge, bleue, verte; La loupe a rejoint les petites affaires de ma grand-mère; quelques petits objets divers ... ainsi que la boule bleue.
Cette boule bleue a pris de l'importance d'année en année, à mes yeux, ma grand-mère en devenait la gardienne. Chaque année, à Noël, la boule s'animait; si vous tirez sur son anneau, il cède, une ficelle apparaît, vous l'étirez et une musique se fait entendre dès que vous la relâchez. Il ne fallait le faire qu'à Noël. Noël passé, la boule bleue rejoignait sa vitrine, je pouvais la regarder mais ne pas y toucher.
Ma grand-mère a compris l'importance de l'objet et depuis très longtemps, elle m'avait désigné comme celui qui serait le gardien, quand elle ne serait plus là.
Elle n'est plus là, je suis le gardien.
Je suis le gardien mais pour tout vous dire, il y a bien longtemps que je n'ai plus tiré sur la ficelle, même à Noël. Je suis un bien mauvais gardien car je ne fais pas passer la magie, je ne prépare pas le gardien suivant à l'importance de la tâche. Il y en quatre, lequel choisir? Vous comprenez?
Non, je vous mens, je me mens; en réalité, c'est dur de tirer la ficelle, le coeur se sert, des hoquets me prennent au creux du ventre et les larmes montent comme une vague. Mais ce soir, il est trop tard, j'ai tiré la ficelle et le scénario était écrit.
J'ai ouvert ce blog pour un cri de rage, j'ai découvert des personnes, depuis peu, qui me font réfléchir, qui provoquent des chocs, qui m'ébranlent, qui provoquent des étincelles, qui m'agitent. Ici je suis un intarissable bavard, au dehors je suis un silencieux, ici j'ai le temps de réfléchir, de revenir, de corriger, au dehors j'écoute.
Alors, pour vous remercier, pour vous inviter chez moi, Müge, Rosza, Christiane, Leyla, Nathalie, j'ai tiré la ficelle, mon épouse m'a aidé à photographier cette boule bleue et la magie s'est opérée, la musique s'est fait entendre. Je la partage avec vous.
Joyeux Noël à tous.
Patrick
11 commentaires:
Bonjour Patrick
Merci de partager avec nous ce merveilleux souvenir. C'est bien de garder dans votre coeur autant d'émotions, c'est bien de l'écrire. Je n'ai pas pour des raisons personnelles bien trop longues à expliquer de jolies souvenirs d'enfance, j'apprécie d'autant plus d'entrer un peu dans les vôtres remplis de tant de tendresse.
Passez un joyeux réveillon avec votre famille et peut-être un souvenir de plus pour dans une trentaine d'années !
Amitiés
Christiane/kirnette
Joyeux Noël à vous aussi Patrick ainsi qu'à votre petite famille ..
très joli ce souvenir ..
Emiliane / Edith
Bonjour Edith,
C'est vraiment très gentil à vous d'avoir laissé un mot.
Je vous souhaite un Noël tout en joie et en douceur, à vous et aux vôtres.
Avec toute mon amitié,
Patrick
C'est un beau cadeau que tu nous fais là Patrick...
Vraiment.
Un très très beau cadeau.
Je ne saurais pas quoi dire d'autre pour l'instant, mes mains tremblent et je suis encore loin, quelque part entre mes souvenirs et quelques rêves un peu fou... loin, dans tous les cas.
Loin par ta faute, non : loin grâce à toi.
[à part cela... tu n'arrives pas à te choisir un successeur, peut-être avant tout, n'arrives-tu pas à te faire à l'idée...d'avoir à te séparer de cet objet, de tout ce qu'il représente à tes yeux ? peur de le quitter, peur de ne pas trouver "la" personne qui l'aime autant que toi - mais quelqu'un un jour l'aimera-t-il autant que toi ?
Rien au monde ne remplacera jamais les étincelles nées dans les yeux d'un enfant...
Belle journée à toi !
Bonsoir, Patrick, mes délicieux devoirs de grand-mère m'empêchent de naviguer autant que je voudrais dans la blogosphère et ce n'est que maintenant que je découvre votre page de souvenir de Noël.
Merci pour votre délicate attention!
Noël est passé, je vous présente donc, à vous et à votre famille, mes meilleurs voeux pour la nouvelle année, avec cette phrase de Picasso :
"Il y a des êtres qui font d'un soleil une simple tache jaune, mais il y en a aussi qui font d'une simple tache jaune un véritable soleil."
Je vous souhaite donc cette imagination enthousiaste et créative qui éclairera le quotidien comme les jours de fêtes!
Bien à vous: Flora
Leyla,
Je serai donc responsable et pas coupable ;o)
J'espère que mon histoire a pu avoir des répercussions heureuses dans ton esprit. C'est une réaction en chaîne qui a été initiée, chez moi grâce à Flora et ce serait chouette si elle pouvait ricocher et se multiplier.
Pour le successeur. Maintenant que l'histoire est sortie et mise à plat, j'y réfléchi et je me dit que cette boule bleue à un sens pour moi, en avait un pour ma grand-mère et moi mais pas pour les autres. C'est la solitude fondamentale dans laquelle nous sommes tous enfermés. Il a des expériences, comme la tienne peut-être, ou encore des souvenirs que nous pouvons tenter de partager mais sans certitude d'être compris ou que cela génère les mêmes sensations et sentiments chez l'autre. Combien de fois a-t-on l'impression que l'autre nous comprend et, tout à coup, un mot, une expression révèle que ce n'est pas tout à fait cela.
C'est la raison pour laquelle il faut recommencer, encore et encore, et parfois des étincelles s'allument.
Que la journée te soit douce.
Chère Flora,
Vous ayant lu, je me doutais bien que vous étiez toute à votre affaire et on peut bien l'être avec un bébé de quatre mois. Le message n'avait de toute façon pas de date de péremption et reste d'actualité.
J'espère pouvoir encore longtemps profiter de la chaleur des rayons que vous dispensez :o)
Avec toute mon amitié,
Patrick
Je découvre petit à petit ce caméléon aux aspects multiples. Ce que tu racontes là me fait penser à la vieille dame qui habitait juste à côté de chez mes grands parents quand j'étais enfant, avec ses trésors insolites, elle s'appelait Marguerite. Je suis vraiment contente de faire un petit bout de chemin ensemble au quotidien et j'ai découvert au passage que dans tes films préférés il y a "Se souvenir des belles choses" et "Head on" (dont j'ai parlé récemment) et qui m'ont marquée aussi. Amitiés stambouliotes.
Bonjour Nathalie,
la liste des films que j'ai mise est encore courte mais tu as sans doute choisi ceux qui m'ont, émotionnellement, le plus touché; très différemment, l'un et l'autre.
Head On, je l'ai pris comme un coup de poing dans le ventre. Il est difficile d'imaginer que des êtres puissent éprouver de telles douleurs, et pourtant. D'un autre côté, j'ai aimé cette présentation des turcs immigrés. A la fois tellement turcs pour les européens que nous sommes et tellement différents de leur compatriotes restés au pays. Ils sont déracinés, ils sont des étrangers pour tout le monde.
Amitiés,
Patrick
tiens... ça me parle, ce que tu dis sur Head On...
[on est parfois tristes de ne pas etre compris ; et parfois, on est surpris d'etre compris si bien....]
As-tu vu le film Leyla?
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