vendredi 19 décembre 2008

Blues paternel

Toute charité commençant par soi-même, je parlerai d'abord de ce qui me touche le plus personnellement ce soir.
Je suis à la recherche de toute information, toute recette, tout drogue (médicinale), tout philtre magique qui pourrait m'aider à insuffler un peu de - que dois-je dire - de bon sens, de plomb, de conscience dans la tête de jeunes adolescents?
Comment faites-vous pour faire comprendre à des ados que leurs études sont importantes, que bien qu'ils aient l'impression de ne vivre que pour l'école et pour étudier, qu'ils pensent trimer comme des esclaves, ils ont plein de choses à faire, à découvrir, à tester, à lire, à voir, à aimer, à scruter, à analyser, à tourner, à retourner? Comment leur délier l'esprit? Comment les ouvrir au monde?
J'ai l'impression qu'ils vivent dans une spirale abrutissante: à celui qui aura l'air le plus dégagé, celui qui assurera le plus son insipidité, avec les échanges les plus creux et aura l'expression la plus monosyllabique.
Je me sens seul et tout petit devant cet environnement qui les aspire, dans lequel ils passent plus d'heures qu'avec moi et mon épouse, qui les gomme, qui les absorbe dans un monde de plus en plus virtuel, creux, artificiel.
Je ne veux pas les confronter à un monde réel pour les endurcir, pour qu'ils sachent ce que c'est que la vie d'adulte - comprenez moi bien - je n'ai pas vécu d'expériences à ce point désagréables que je puisse avoir envie d'y préparer mes enfants. Non, je voudrais qu'ils découvrent tout ce qu'il peut y avoir de bien dans le monde réel, qu'ils ne passent pas à côté des opportunités tant qu'ils les ont. Je crois que s'ils ont ces bases là, il sauront gérer les passages plus difficiles.
Je suis probablement un peu confus ;o) Je me relirai demain pour voir si je me comprends encore, ce sera un bon test.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

En effet, vous posez les questions que tout parent soucieux à la fois du bien-être et de l'avenir assuré de son enfant se pose.
Mon fils et sa femme ont fait de brillantes études, au prix de sacrifices pendant que d'autres s'amusaient (et se posent en victimes ensuite, en disant : "pour toi, c'est facile; tu as de la chance;" rien ne me vexe d'avantage!) Ils ont une bonne situation matérielle mais leur temps est mangé par le travail, au point où mon fils déclare parfois, amer: "je préfèrerai être guichetier à la poste, au moins, je verrais mes enfants grandir" Nous discutons beaucoup : j'aimerais concilier le difficilement conciliable (un travail intéressant et correctement rémunéré et l'envie de vivre aussi pour soi...

ORANGINABLACK a dit…

bonsoir patrick, en te lisant j'ai l'impression d'avoir mon petit frère sous les yeux...

c'est un être brillant, un peu trop sans doute, enfant il avait un QI de surdoué mais était renfermé sur lui même, aussi l'avons nous laissé dans l'école classique pour ne pas trop le perturber. Il a fini par avoir une vie sociale équilibrée (ce qui est sans doute le plus important !) mais, il s'est toujours ennuyé à l'école. Enfant, il savait tout sur tout, sauf qu'arrive un moment où malgré toutes les facilités il faut "un peu" travailler.

Et là, BIM, le piège.

Il ne savait plus. Faire l'effort. S'intéresser. Travailler. Douter.
Ca ne lui était pas arrivé depuis des années.

Il a fait 4 premières années différentes (école d'art, école de commerce, fac d'anglais, BTS commerce international...). A chaque fois, ennui, absentéisme, arrêt.

Je comprends que tu sois désarmée. Moi même parfois, j'en viens à avoir envie de baisser les bras. A remettre son avenir entre ses propres mains.

J'ai appris avec le temps que le meilleur moyen de lui permettre d'avancer, est d'abord de le soutenir et d'être fier de tout ce qu'il fait "en dehors" de la sphère d'école. "en dehors" de l'objectif d'apprentissage.

ainsi mon frère dévore des livres en quantités industrielles, je lui en apporte 4 ou 5 chaque semaine.
et il danse, du breakdance, 4 à 5h par jour. je l'ai emmené à un nombre incalculable de compétitions. J'y ai même traîné mes parents, au milieu de grappes de jeunes encasquettées.

Et bien, avec le temps cela porte ses fruits.
Je crois que rassurer un enfant sur notre attachement à lui, sur notre confiance en lui, en dehors de toute sphère scolaire, peut lui donner des ailes.
Je crois que beaucoup d'enfants ont peur, ou refusent, que leurs parents ne voient leur réussite qu'à travers les études ; que leur fierté ne se manifeste que, ou principalement, à travers leurs notes à l'école.
De la même manière les parents ont besoin d'être rassurés et ces fameuses études, ces bonnes notes... Mais les enfants ont envie de rassurer, de montrer de quoi ils sont capables, dans d'autres domaines.

Ma mère récemment me disait "mais alors, il ne deviendra jamais ingénieur... ni architecte?".
Et bien non.
mais si toute l'humanité finissait ingénieur ou architecte, la Joconde n'aurait jamais été peinte, le plafond de la chapelle sixtine serait tout gris, et le soir de noel on n'écouterait pas Mozart.

Voilà. Un peu long tout ça... pardon ! belle soirée,
leyla

Anonyme a dit…

L’adolescence est une période difficile à gérer pour les parents cher Patrick. N’ayant pas d’enfants, non plus des adolescents dans ma famille, je ne sais pas donner quel conseil. Pourtant, j’observe dans mon entourage à Istanbul un nouveau type d’adolescent(e) qui à la fois suit bien ses études mais a aussi une vie sociale animée et arrive à consacrer du temps à ses hobbies. Il faut peut-être expliquer à vos enfants qu’ils n’auront pas plus du temps libre quand ils seront adultes mais auront cette fois-ci d’autres épreuves et examens dans leur vie, donc qu’il faut qu’ils acceptent que la vie n’est pas que du plaisir mais qu’il y aura toujours des responsabilités nécessaires à accomplir pour être heureux, et qu’il faut donc qu’ils apprennent à bien gérer leur temps pour pouvoir vivre pleinement et d’une façon satisfaisante.

Caméléon des Neiges a dit…

@Flora
Merci de votre intervention, Flora. L'herbe est toujours plus verte de l'autre côté de la barrière, quel que soit le côté de la barrière que l’on considère. Vous abordez encore un autre trait la déresponsabilisation personnelle L'idée que l'on n'a pas de maîtrise de sa situation, l'absence du 'je' dans le discours: 'Les autres ont aussi échoué', 'Ils ont eu de la chance', 'C'est le prof qui n'a pas averti'

@Leyla
Ainsi donc, tu peux déjà revendiquer une expérience de 'mère', je ne suis pas étonné ;o)
Ce que tu dis me parle. Sur mes trois filles, deux ont eu de grandes facilités à l'école pendant le premier degré et réussissaient sans peine. Elles ont accusé le coup dans le second degré. L'autre a toujours du travailler et il n'y a pas eu de cassure au changement. Mon fils va faire le passage l'année prochaine ... il a aussi très facile ... pour le moment.
Mon but n'est pas d'en faire des médecins ou des ingénieurs; je n'ai pas d'objectif opérationnel. Mon fil rouge est 'Chacun au maximum de ce qu'il peut faire'.
Mon souci est leur liberté et que, plus tard, ils aient toujours le choix de faire ce qu'ils veulent, qu'ils n'aient jamais à se dire 'J'aurais pu'.
Je crois que les gens qui ont des ressources peuvent toujours arriver à ce qu’ils veulent mais beaucoup reculent devant la peine que cela demande.
Ne t’excuse pas pour la longueur de ton intervention, elle me ravit. J’ai envie que ce lieu soit celui de rencontres et d’échanges riches et variés. Merci.

@Müge
Comme mes enfants, j’ai été adolescent et j’ai aussi suivi l’école avec peu de compréhension de l’utilité de ce que j’étudiais. Il y a des choses à étudier, il y a du travail, on s’exécute sans trop savoir pourquoi. J’ai par contre toujours été intéressé par une foule d’autres choses qui remplissaient ma vie en dehors de l’école : lecture, photo, bricolage, électronique, maquettes, aquariophilie, philatélie, tricot, pilotage, karaté … et je ne sais combien d’autres que j’ai oublié. Détail amusant, mes parents me reprochaient de faire un tas de choses et de jamais rien faire à fond :o) Ce qui m’attriste c’est aussi le manque d’intérêt pour tout ce qui les entoure, pour le monde.