samedi 8 novembre 2008

Chiens de Turquie

L'annonce d'un nouvel article, qui sera sans doute pétillant, comme à son habitude, de Nathalie Ritzmann sur les chiens d'Istanbul et la lecture de l'anecdote contée par Marie-France ont éveillé des souvenirs. Voici un montage de quelques photos évoquant ces souvenirs.



Les chiens sont craints quasiment partout en Turquie mais plus particulièrement en ville et il est vrai qu'avoir un compagnon canin en pointe de laisse vous ouvre le passage, même dans les foules les plus denses, la taille du dit compagnon n'étant pas proportionnelle au résultat.

Ceci est l'expérience du maître mais voici l'expérience du chien.

Ce dernier errait sur une plage, toujours à la recherche de quelque chose à manger, évitant les jets d'objets divers et les coups de balai rageurs des garçons officiant sur les terrasses des restaurants. Il repère d'un coup d'oeil une famille d'étrangers arrivant sur la plage. Comment fait-il direz-vous? L'appareil photo? Non! Le bikini de la dame? Non! Le maillot de bain taille basse du monsieur? Non!
Ce sont les seuls qui, le voyant, s'approchent en faisant des : "Hoooo, regarde comme il est mignon!", "On a quelques chose à lui donner?".
Le chien, pas bête, se laisse approcher, caresser, bat de la queue tant il peut et décide de coller à eux comme leur ombre.
Ces braves touristes, dans une réaction typiquement européenne qui ferait sombrer un citoyen Turc dans un océan de perplexité, décident de personnaliser ce chien et lui garnissent le cou d'un foulard.
Se passe alors un phénomène extraordinaire, le chien est transformé.
Ce chien qui est passé et re-passé sur la plage, toujours encouragé à avancer par les jets de pierre, qui connaît toutes les rues à restaurant, parcourues comme porté par les balais qui lui collent aux fesses, ce chien donc, est devenu un chien de touriste.
Ah? La belle affaire me direz-vous.
Absolument, le foulard fait toute la différence. Les enfants se précipitent pour le caresser. Le jeune homme accompagné de la fille de ses rêves tente l'approche du fauve pour montrer sa bravoure; mais que l'animal tourne la tête vers lui et c'est la débandade. Que dire des serveurs aux terrasses, braves gens, qui maintenant apportent les restes que les clients n'ont pu achever et dans l'assiette encore bien. Respect!
Peu importe les puces, peu importe les blessures aux pattes suite à un accident avec une voiture ou des bagarres pour une carcasse, ce n'est plus un chien errant.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis une Turque qui vit avec 2 chiens + 1 chat + 1 canari et je suis également la “maman” de 2 chiens errants. Le quartier où j’habite sur la rive asiatique d’Istanbul a une grande population de chiens et de chats domestiques et errants, il y a 8 cliniques vétérinaires et 1 petit hôpital pour les êtres humains, on voit dans chaque rue des assiettes et des tasses pleines de nourriture et de l’eau pour les animaux errants. Mais, je suis d’accord avec vous, c’est vrai qu’une grande partie de la population turque craint des chiens et refuse d’avoir des chiens chez eux pour des raisons d’hygiène et de religion (les Musulmans pratiquants croient en un hadith selon lequel les anges ne visiteraient pas une maison dans laquelle il y aurait un chien … quelle stupidité mais voilà les gens croient en cela!).

Caméléon des Neiges a dit…

Chère Müge,
Je suis heureux d'avoir une lectrice aussi régulière, cela soulage un peu l'angoisse de la solitude pour quelqu'un qui débute un blog ;o) Merci à vous.
J'espère avoir été clair, je ne pense pas que les animaux errants soient maltraités en Turquie, il y a juste une volonté de garder une distance mais pas de violence.
Vous m'apprenez quelque chose, je pensais que ce comportement était un souci par rapport à la rage et aux maladies mais je sais maintenant, grâce à vous, qu'il y a aussi des considérations sociales et religieuses.
Je crois aussi savoir qu'il y a eu une tentative d'éliminer ou de diminuer fortement la population canine à Istanbul (l'île aux chiens)au début des années 1900 mais qu'il y a eu des conséquences sanitaires lorsque les rats sont revenus en masse.
J'ai vu plusieurs chiens qui portaient une boucle en plastique à l'oreille, savez-vous ce que cela signifie? Ces chiens appartiennent à quelqu'un ou s'agit-il d'interventions vétérinaires publiques?

Avec toute mon amitié,
Patrick

Anonyme a dit…

Cher Patrick,

La boucle d’oreille en plastique signifie que le chien errant a été vacciné contre la rage et stérilisé par la municipalité.

Et oui, les chiens errants d’Istanbul avaient étés transportés sur l’île déserte Oxia sur la Mer de Marmara au début des 1900 et abandonnés à mourir de faim. C’est une page noire et affreuse de notre histoire.

Amitiés,

Müge

esther a dit…

c'est triste que de voir des êtres aussi mal-aimées...chiens , humains ou autres animaux....c'est tres emouvante cette histoire....

Caméléon des Neiges a dit…

Bonjour Esther,
De nos jours, il ne s'agit pas franchement de cruauté; il y a de la peur, le souci de les tenir à distance et comme le dit Müge, dans les villes, le comportement change. Les chiens et les chats y sont des prédateurs et des agents de nettoyage utiles pour l'homme.
Bien à vous,
Patrick

Du bretzel au simit a dit…

Je viens de découvrir ton article pas tout récent. Dans le secteur de Beyoğlu, donc tout autour de chez moi, il y a également de nombreux chiens errants, certains qui vivent avec des hommes de la rue et font partie du "paysage" quotidien du quartier. Les chiens sont affables et se ressemblent presque tous, c'est assez étonnant de les voir calmes, profitant du moindre rayon de soleil, comme les chats.
Catherine Pinguet qui a vécu longtemps en Turquie a écrit un livre sur l'historique des chiens en Turquie. J'ai prévu de le lire sous peu... et de publier un billet à son sujet.

Caméléon des Neiges a dit…

Bonsoir Nathalie,
La plupart du temps, il suffit de les regarder et de leur adresser quelques mots pour qu'ils t'adoptent.
Nous nous sommes déjà retrouvés avec deux mâtins qui s'étaient mis à nous suivre, après une caresse, dans une galerie commerciale de Besiktas; nous craignions qu'il se fassent chasser.
C'est tout à fait exact qu'ils ont tous un air de famille.
Bonne soirée.